L'hybridation chez les Ophidiens.
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Bébène
Bib0
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L'hybridation chez les Ophidiens.
L’hybridation chez les Ophidiens.
Hybridation : Croisement, mélange, métissage d’espèces végétales ou animales différentes.
Entre deux sous - espèces d’une même espèce.
Les espèces de serpents sont souvent réparties en sous – espèces, généralement représentatives de l’endroit géographique où elles vivent dans la nature et donc avec des exigences différentes. Par définition, deux sous – espèces d’une même espèce ne se retrouvent pas sur le même territoire, sauf en zone limitrophe de deux sous – espèces. L’hybridation, dans la nature, est donc minime. D’une part car les zones limitrophes de deux sous – espèces restent petites, que dans cette zone en elle – même les modes de vie et les besoins des fois différents entre deux sous – espèces ne les pousse pas forcément à se rencontrer spontanément et qu’ils ne se reproduisent pas toute l’année mais en une saison précise. Trois conditions, cela limite déjà suffisamment les probabilités de risques d’hybridation dans la nature.
D’un point de vue de la biodiversité, les croisements entre sous – espèces représentent un danger majeur. En effet, les petits issus d’une telle reproduction peuvent perdre les caractéristiques représentatifs de l’une, ou deux, ou des deux sous – espèces dont il dépend. On se retrouve donc avec un animal intermédiaire, dont on ne sait plus vraiment quels besoins il a, quelle température, quelle hygrométrie…
Exemples :
De plus en plus, nous voyons fleurir des croisements entre sous – espèces de Morelia spilota.
Voici leur aire de répartition.
Comme on peut le voir, si l’on prend l’exemple de Morelia spilota macdowelli, vivant sur la côte Est de l’Australie, et Morelia spilota variegata, vivant dans l’extrême Nord de l’Australie, ils n’ont à priori aucune aire de répartition commune, ni même une zone limitrophe. Et pourtant, dans nos terrariums, si.
Morelia spilota variegata (lui déjà issu de croisements vu son pattern) et Morelia spilota macdowelli :
[Photos de "Reptilepassion" ]
Et voilà comment l’on obtient plus de patterns et morphologies différentes..
Au final, un croisement entre différentes sous - espèces est la solution la plus rapide pour obtenir de nouvelles particularités, telles que les phases. En veut la sous – espèce X avec les couleurs de la Y, et la Y avec la taille de la Z, suffit de demander. Inutile de dire que cette façon de faire cause encore plus de soucis que les phases elles – mêmes, qui ont-elles au moins le mérite de se travailler sur une espèce ou sous – espèce donnée, et non en en impliquant plusieurs autres.
Morelia viridis, animal tellement fragile et fascinant pour grand nombre de terrariophile.
Encore une fois, nul besoin d’être doté d’une intelligence hors norme pour voir qu’un Morelia viridis merauke ne croisera jamais, en milieu naturel, un Morelia viridis Biak. Encore une fois, en terrarium, c’est possible. Ici, il ne s’agit pas tout à fait de sous – espèces mais de localités, le soucis reste cependant le même à mon sens.
Entre deux espèces différentes.
Deux hybrides, d’espèces différentes, sont la majeure partie du temps stériles ce qui permet, dans un sens, de limiter les dégâts puisque ces hybrides là ne pourront pas générer de descendance, comme quoi la nature est bien faite…. Sauf chez les serpents ! En effet, tant que cette hybridation n’a pas causé de tares majeures limitant leur vie, ces serpents issus d’hybridation seront non seulement viables, mais en plus tout à fait fertiles. On peut alors très facilement imaginer les dégâts que peuvent causer de tels croisements. Quelques hybrides, en engendrent d’autres, et d’autres encore, et voilà comment des lignées entières et donc des centaines de spécimens apparaissent complètement dénaturés.
Plus haut, les cartes de répartition des Morelia viridis et des Morelia spilota ssp. Aires totalement différentes, qui ne se croiseront jamais dans la nature, zones de vie extrêmement différentes tant en températures, qu’en hygrométrie, qu’en saison, et pourtant.
Voilà un hybride, provenant d’un parent Morelia viridis et d’un Morelia spilota macdowelli :
Nous trouvons aussi des hybrides d’espèces différentes qui eux, vivent au même endroit de la planète. Par exemple, le Python regius et le Python curtus. Ils ont, en effet, la même aire de répartition à peu de chose prêt, en Afrique centrale. Seulement, dans la nature, rien ne pousserait ses deux espèces à se reproduire. Ils sont guidés par leur instinct, l’instinct de reproduction entre même espèces ! Il n’y a, naturellement et instinctivement parlant, aucune raison que ces deux espèces se reproduisent dans la nature, mais encore une fois, la magie de captivité.
Alors quel est le but de ces hybridations ? Pourquoi la nouvelle mode est aux croisements incohérents ? A ces questions, j’émets plusieurs pistes possibles. L’argent, la motivation première, pour être le premier à sortir un tel croisement, un tel spécimen, ça peut bien évidemment en faire envie plus d’un. Mais la réalité pousse malheureusement plus loin cette réflexion. Un hybride de la sorte, ne peut actuellement que nommer par " Y x Z ". Et si, un jour, ces hybrides étaient reconnus au nom d’espèces, avec une nouvelle taxonomie qui leur serait propre. Ces animaux, issus et générés par les hommes, absolument pas présents dans la nature, deviendraient alors… Des animaux domestiques ! Et non plus des " animaux sauvages destinés à la compagnie ", mais bien des animaux domestiques. Cette reconnaissance et tant que telle et cette seule appellation d’animaux domestiques suffirait à faire sauter les règles à laquelle sont aujourd’hui régit les ophidiens. En tant qu’animaux domestiques, ils seraient tous simplement autorisés au même titre qu’un chien, plus de quotas, la foire aux dérives et l’ablation des lois. Nous n’en sommes, fort heureusement, pas encore là. L’hybridation se retrouve en grande partie encore outre Atlantique, mais comme tout se qui pousse là – bas, l’arrivage massif en Europe ne saurait tarder. Le problème va donc augmenter dans les prochaines années et se répandre, rendant nos souches encore moins pures, rendant les animaux que nous verront encore plus douteux quant à leurs origines.
Qu’en est – il alors des règles jusqu’ici primordiales, telles que " ne pas mélanger deux espèces ou sous – espèces différentes en terrarium " ? Qu’en est – il des maladies avec le brassage génétique obtenu après hybridation ? Ce non sens génétique engendra – t –il la destruction d’espèces, l’appauvrissement des animaux captifs ? Le recul est aujourd’hui encore trop maigre pour pouvoir répondre à toutes ces questions, malheureusement il reste fort à penser que cela n’amènera rien de bon pour la terrariophilie que nous tentons de défendre et de préserver sur Agames.
Un petit point sur la législation:
Définition : un hybride est un spécimen dont les parents appartiennent à 2 espèces ou sous-espèces différentes. Son
nom scientifique inclut les noms scientifiques des 2 espèces (exemple : Falco peregrinus x rusticolus).
Les dispositions du règlement 338/97 s'appliquent aux hybrides même s'ils ne sont pas spécifiquement inscrits aux
annexes, à condition qu'au moins un des parents y soit inscrit.
Cela veut donc dire, qu'à l'heure actuelle, si un des géniteurs est soumis au CDC, les petits hybrides issus de cette reproduction le seront aussi. Exemple: Python molure x Python royal (un peu fou mais admettons), donnera donc des petits molure x royal, et ces petits demeureront soumis à la règlementation au même titre que le Python molure. C'est actuellement une très bonne chose, qui évite ainsi les hybridation permettant de contourner les lois. Il va sans dire qu'il faudra être fort vigilant à l'avenir, car un des buts des "pro - hybrides" est bien évidemment de créer de nouvelles espèces reconnues, et ainsi abolir certaines règlementation pour les hybrides! Heureusement, aujourd'hui, il n'en est encore rien.
Pourquoi ne pas accepter ces hybrides sur Agames?
En premier lieu, parce que nous sommes contre les manipulations génétiques. Il va s'en dire, que dans la plupart des cas, la vie de ces animaux n'est pas altérée ce qui est déjà un bon point. Cependant, ces reproductions n'ont rien de naturelles.
* Si les hybridations entre sous - espèces peuvent exister en milieu naturel, à un pourcentage fort minime, il n'en est pas moins qu'en terrariophilie, on ne doit pas mélanger les sous - espèces qui comme expliqué plus haut, sont des variations géographiques d'une même espèces, et donc requièrent des conditions de vie différentes les unes par rapport aux autres. Automatiquement, un tel mélange de sous - espèce donne alors naissance à un croisement qui n'a rien de naturel, et qui sera problématique par rapport aux conditions de maintient, du fait d'un manque de connaissances et de recul sur de telles reproductions. Plus grave encore, en reproduisant des sous - espèces différentes entre elles, on vise à mélanger entre eux des caractéristiques bien définis, allant jusqu'à l'appauvrissement voir la suppression de ceux - ci au fur et à mesure des reproductions entre sous - espèces.
* D'un autre côté, les reproductions entre espèces différentes sont alors bien plus condamnables, du fait de l'incohérence profonde d'un tel acte. Des espèces différentes, des genres différents, des modes de vie totalement différents (terricoles/arboricoles), des tailles, des poids différents, des continents, des températures et j'en passe. Dans leur milieu naturel, jamais les ophidiens ne feraient une telle erreur, à savoir se reproduire avec une espèce différente. Aucun but à cela, si ce n'est espérer détourner les lois avec des hybrides non classés ou être le premier à réussir à croiser un Pantherophis avec un Anaconda.
Au final, ses reproductions n'ont rien d'éthique, bien au contraire. Le but premier étant d'être mis en avant, de créer de nouveaux animaux, de nouvelles espèces ou de nouvelles caractéristiques, et ce au détriment de l'animal mais bien plus encore, de la génétique et de la nature aussi.
Dernière édition par Bib0 le Ven 17 Fév 2012 - 14:39, édité 3 fois
Bib0- La tête dans les étoiles, à trop vouloir en décrocher
-
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Re: L'hybridation chez les Ophidiens.
Clair, net, précis et compréhensible par tout un chacun à qui veut bien entendre et comprendre.
Cet article élaboré par Coralie (Bib0) s'inscrit directement dans l'éthique d'Agames, mais pas seulement, dans l'éthique "tout court", à tout bon terrariophile ayant un minimum de conscience, pas aux viandards trépanés en mal de profit.
Cet article élaboré par Coralie (Bib0) s'inscrit directement dans l'éthique d'Agames, mais pas seulement, dans l'éthique "tout court", à tout bon terrariophile ayant un minimum de conscience, pas aux viandards trépanés en mal de profit.
Re: L'hybridation chez les Ophidiens.
Bravo à toi Coralie !
MikKawA- (Modérateur) La soif d'apprendre !
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Re: L'hybridation chez les Ophidiens.
Merci Coralie,bon boulot,simple,trés compréhensible et trés explicite!!!!!!!!!!!!!!
tempete- Membre actif
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Gwalchafed- Membre actif
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